RSOC Vol. 15 No. 20 2018 pp 36-37. Publié en ligne 18 décembre 2018.

Surface oculaire : pathologies courantes et importantes

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Pathologies infectieuses

Kératite microbienne © Matthew Burton

Antécédents : Douleur, rougeur oculaire et baisse de vision survenant de manière aiguë en l’espace d’un ou deux jours (kératite bactérienne) ou de manière subaiguë en l’espace de quelques jours (kératite fongique)

Signes : Ulcère cornéen et infiltrat stromal sous-jacent. Rougeur conjonctivale. Présence éventuelle de cellules inflammatoires dans la chambre antérieure, évoluant vers un hypopion en cas d’affection grave

Prise en charge au niveau primaire: Instillation toutes les heures de collyre antibiotique et orientation vers un spécialiste

Conjonctivite virale © Matthew Burton

Antécédents : Yeux rouges et larmoyants, affection souvent bilatérale. Vision normale ou réduite. Légère douleur. Parfois associée à des maux de gorge et un écoulement nasal

Signes : Écoulement clair, injection de la conjonctive, présence de follicules sur la conjonctive tarsale, lymphadénopathie préauriculaire et oedème palpébral. La cornée peut également être touchée, avec présence de multiples infiltrats sous-épithéliaux (taches gris-blanc, voir photo)

Prise en charge au niveau primaire: Éviter la contagion en maintenant une bonne hygiène. Maladie auto-limitante

Conjonctivite bactérienne © P Vijaylakshmi

Antécédents : Yeux rouges, inconfort oculaire et écoulement purulent. Généralement présence de rougeur, sensation de grains de sable et sensation de brûlure, unilatérales pour commencer, puis souvent bilatérales. Paupières souvent collées au réveil par les sécrétions sèches

Signes : Injection de la conjonctive, conjonctivite papillaire, écoulement

Prise en charge au niveau primaire: Éviter la contagion en maintenant une bonne hygiène. Antibiotiques par voie locale pendant 5 à 10 jours

Conjonctivite allergique

Limboconjonctivite endémique des tropiques (LCET) © John Dart

Antécédents : Une conjonctivite allergique peut se manifester à n’importe quel âge sous la forme de démangeaisons et de larmoiement causés par un allergène connu ou non. La LCET est une forme grave qui apparaît durant l’enfance et se manifeste par des démangeaisons très importantes, un larmoiement, une sensation de corps étranger et un écoulement muqueux épais

Signes : Injection de la conjonctive (voir photo). Présence de papilles au niveau de la conjonctive tarsale, pouvant être de grande taille et irrégulières (aspect en pavage). Grains de Trantas (petites taches blanches au niveau du limbe). Il peut y avoir pigmentation du limbe. La cornée peut être affectée (plaques vernales et ulcération de la cornée supérieure)

Prise en charge au niveau primaire: Éviter les allergènes. Proposer des antihistaminiques, des stabilisateurs des mastocytes et/ou une corticothérapie locale (à court terme)

Blépharite

Blépharite antérieure © John Dart
Blépharite postérieure © John Dart

Antécédents : Démangeaisons, sensation de brûlure, inconfort oculaire, s’accompagnant ou non de larmoiement ou de sécheresse oculaire (voir ci-dessous). Pathologie parfois associée à des antécédents de chalazions à répétition

Signes : Pellicules dures et croûtes à la base des cils en cas de blépharite antérieure. En cas de blépharite postérieure, chercher des signes d’obstruction des orifices meibomiens et d’hyperhémie (rougeur) du bord palpébral postérieur

Prise en charge au niveau primaire: Antérieure : Nettoyer les paupières pour enlever les croûtes

Postérieure : Compresses chaudes et massage des paupières

OEil sec

Sécheresse oculaire © John Dart

Antécédents : Inconfort oculaire, sensation de grains de sable et de corps étranger. Les cas graves peuvent s’accompagner de photophobie, de douleur oculaire et d’une baisse de vision

Signes : Anomalie du film lacrymal, débris présents à la surface et temps de rupture inférieur à 10 secondes. Parfois faible hauteur du ménisque lacrymal. La principale caractéristique est une érosion ponctuée de l’épithélium, révélée par coloration à la fluorescéine

Prise en charge au niveau primaire: Application locale de substituts lacrymaux (lubrifiants oculaires)

Autres pathologies inflammatoires

Kératite ulcéreuse périphérique (y compris ulcère de Mooren) © Matthew Burton

Antécédents : Douleur, rougeur oculaire et perte de vision, se manifestant progressivement sur plusieurs semaines. Éventuellement antécédents de maladie inflammatoire systémique. L’ulcère de Mooren est un problème oculaire isolé qui se développe typiquement chez les jeunes hommes

Signes : Amincissement périphérique progressif du stroma. Inflammation du limbe à proximité de l’ulcère

Prise en charge au niveau primaire: Traiter de la même manière qu’une kératite microbienne (voir plus haut) et orienter vers un spécialiste

Kératite marginale © Matthew Burton

Antécédents : Douleur modérée, légère perturbation visuelle et rougeur

Signes : Blépharite, infiltrats sous-épithéliaux marginaux (éventuellement multiples) séparés du limbe par une zone de cornée saine. Présence éventuelle d’une ulcération épithéliale, généralement de taille inférieure à l’infiltrat

Prise en charge au niveau primaire: Commencer par traiter de la même manière qu’une kératite microbienne. Si le diagnostic est confirmé, prescrire un corticoïde local à faible dose

Autres pathologies non inflammatoires

Kératite neurotrophique © Matthew Burton

Antécédents : Doit être envisagée dans le contexte d’une affection systémique (par ex. lèpre) ou d’une affection oculaire (kératite herpétique ou zona ophtalmique). Le patient présente une rougeur oculaire et une baisse de vision. Présence ou non de douleur oculaire

Signes : Érosion ponctuée de l’épithélium dans la zone interpalpébrale, ulcération épithéliale chronique, oedème stromal et infiltration

Prise en charge au niveau primaire: Traiter la cause sous-jacente. Pour protéger la cornée : lubrifiants oculaires, occlusion palpébrale nocturne avec un morceau de sparadrap, ou occlusion palpébrale complète

Néoplasie épidermoïde de la surface oculaire © Matthew Burton

Antécédents : Le patient a généralement remarqué une lésion croissante à la surface de l’oeil, pouvant s’accompagner d’inconfort ou de rougeur. Une lésion de grande taille peut aussi entraîner douleur et baisse de vision. Peut être associée à l’infection par le VIH

Examen: Épaississement de l’épithélium conjonctival pouvant s’étendre jusqu’à la cornée, avec présence de vaisseaux nourriciers. Peut s’accompagner de kératinisation superficielle caractérisée par des plaques blanches (leucoplasie), d’une apparence gélatineuse, d’inflammation ou de pigmentation

Prise en charge au niveau primaire: Exérèse chirurgicale large (orienter vers un service spécialisé)

Ptérygion © John Dart

Antécédents : Le patient peut se plaindre d’une masse rougeâtre d’un côté de la cornée (ou des deux côtés), qui à l’occasion s’enflamme ou devient plus gênante. Selon l’étendue de l’excroissance sur la cornée, peut s’accompagner d’une vision trouble et d’astigmatisme induit

Examen: Présence d’une excroissance de la conjonctive, charnue et de forme triangulaire, s’étendant sur la cornée

Prise en charge au niveau primaire: Ablation chirurgicale si la vision est menacée