Sélection des matériels d’enseignement et d’apprentissage
Related content
L’accès à Internet ne cesse de s’améliorer dans toutes les régions du monde et il est bien plus facile qu’avant d’obtenir toutes sortes d’informations. Toutefois, quels que soient les matériels qui s’offrent à nous, il nous faut exercer notre sens critique. Si nous sélectionnons une ressource pédagogique uniquement parce qu’elle est fréquemment utilisée ou parce qu’elle nous a été présentée comme étant « de premier ordre », ceci ne garantit en rien son efficacité dans notre contexte. Elle doit convenir à l’usage que nous prévoyons d’en faire. Il est donc important de prendre en compte les critères ci-dessous lorsque nous sélectionnons des matériels d’enseignement et d’apprentissage.
Contexte et pertinence
- À qui sont destinées ces ressources pédagogiques : agents de santé, professionnels de l’ophtalmologie, hauts fonctionnaires du ministère de la santé, instituteurs, patients ? Ces matériels serontils utilisés pour l’éducation en santé oculaire au niveau primaire, secondaire ou tertiaire ?
- Où seront-elles utilisées : dans un amphithéâtre d’université, dans une salle de classe, dans une salle des fêtes, dans les conditions de travail en première ligne ?
- Quels sont les équipements disponibles ? Les sièges seront-ils disposés d’une façon qui convient à l’utilisation de ces matériels, disposerez-vous d’un projecteur, d’un tableau de conférence (à feuilles mobiles), d’un ordinateur, d’un lecteur vidéo ou DVD ? L’éclairage sera-t-il suffisant et y aura-t-il des rideaux ou stores permettant de faire l’obscurité ?
- Comment les ressources pédagogiques seront-elles utilisées ? La méthode d’enseignement sera-t-elle traditionnelle, interactive, basée sur le travail en groupe ou les travaux dirigés ?
Format
Vous avez le choix entre beaucoup de formats. Les photographies, les diapositives, les transparents pour rétroprojecteur, les cassettes vidéo, les DVD vidéo et les cédéroms sont des aides visuelles très utiles qui peuvent compléter un texte écrit ou un enseignement didactique traditionnel. Toutefois, la meilleure façon d’enseigner certaines connaissances ou compétences est souvent l’enseignement face à face, au cours duquel l’enseignant communique son expérience par le biais de démonstrations, de travaux pratiques et de travail guidé dans un environnement clinique.
Les différents formats présentent chacun des avantages et des inconvénients que vous devez prendre en compte (voir Tableau 1 ).
Si vous composez ou fabriquez vous-même des matériels didactiques à l’usage des patients en ophtalmologie (par exemple des dépliants d’éducation et de promotion sanitaire), il est crucial que ces matériels soient des outils accessibles et utiles ; pensez notamment à choisir des caractères de taille suffisamment grande. Si votre matériel comporte des photographies ou des illustrations, gardez à l’esprit que les patients anxieux avant une consultation n’apprécieront pas forcément de voir des photographies de cas cliniques en salle d’attente ! Les posters doivent toujours être présentés dans des endroits choisis après réflexion : par exemple, il est préférable de ne pas les afficher près de marches d’escalier.
Tableau 1. Ressources pour l’enseignement et l’apprentissage : usages, avantages et inconvénients
Format | Usages et avantages | Inconvénients |
---|---|---|
Manuels |
|
|
Polycopiés dépliants documents imprimés |
|
|
Posters |
|
|
Transparents pour rétroprojecteur |
|
|
Vidéo/dvd |
|
|
Diapositives |
|
|
Présentation Powerpoint |
|
|
Cédérom |
|
|
Internet |
|
|
Coût
Le coût des matériels est une contrainte de taille. Afin de venir en aide aux utilisateurs et de répondre à leurs besoins, certains fournisseurs proposent parfois des matériels en surplus, périmés ou gratuits. Faites attention, il est toujours préférable de vérifier la pertinence de ces matériels au vu de vos besoins. De même, les compagnies pharmaceutiques et fabricants d’appareils proposent des matériels pédagogiques gratuits de type posters, dépliants et vidéos ou DVD, qui sont bien entendu attrayants lorsque vos moyens financiers sont limités. Le contenu de ces matériels reflète la gamme de produits onéreux vendus par l’entreprise (ce qui se comprend) et contient parfois de la publicité ; il est souhaitable de vérifier si ces matériels communiquent des messages qui ne sont pas adaptés à votre contexte.
Exactitude
La pratique clinique ne cesse de changer. Les matériels pédagogiques doivent contenir des informations à jour, applicables et complètes.
Langue et culture
Les ressources pédagogiques doivent avant tout être compréhensibles. Malheureusement, beaucoup de ressources sont disponibles uniquement en anglais. Lorsqu’un matériel d’apprentissage est disponible dans les langues locales, il en devient d’autant plus précieux et sera en plus grande demande. Si le français n’est pas la première langue parlée par les utilisateurs, mais uniquement la langue employée au travail ou dans les établissements d’enseignement, le vocabulaire et la syntaxe utilisés dans un matériel pédagogique devront être simples et clairs.
Dans l’idéal, le contenu d’un matériel pédagogique ne doit pas présupposer que tous les groupes ciblés sont identiques ; il doit prendre en compte les différentes cultures, pratiques et conditions locales, ainsi que les services de santé disponibles localement et les valeurs et préoccupations des utilisateurs.
Matériels pédagogiques faits maison
Beaucoup d’excellentes ressources pédagogiques sont « faites maison » et ne sont ni imprimées ni disponibles chez un fournisseur. Elles n’en sont pas pour autant inférieures aux autres ; en effet, beaucoup de matériels produits spécialement pour un contexte local particulier sont plus efficaces que les matériels plus généraux.
Lorsque vous produisez vos propres ressources, gardez à l’esprit les critères mentionnés ci-dessus. Ewes et Simnett1 effectuent également les recommandations suivantes :
- Prenez en considération le niveau d’instruction des utilisateurs.
- Testez le matériel sur un échantillon de vos futurs utilisateurs et, en fonction de leurs réactions, effectuez les modifications nécessaires. Ce ne serait pas raisonnable de supposer que le premier jet de votre matériel sera jugé utile par les utilisateurs.
- Employez un français simple ou utilisez les langues locales ; veillez à utiliser des phrases courtes (une idée par phrase), préférez la voix active à la voix passive et choisissez toujours le mot le plus simple capable de traduire votre pensée (pas de jargon).
- Faites en sorte que vos messages soient brefs, concentrez-vous sur l’essentiel et évitez tout matériel non pertinent.
- Mettez en relief les messages-clés par des caractères gras de taille suffisamment grande et faites appel à différentes couleurs et polices de caractères.
- Utilisez des photographies ou illustrations lorsqu’elles permettent de transmettre le message, mais testez-les d’abord sur le terrain pour vérifier qu’elles ne donnent pas lieu à des malentendus.
- Employez des mots qui correspondent à la réalité de votre contexte : par exemple, n’utilisez pas le mot « ophtalmologiste » s’il n’existe pas d’ophtalmologiste dans votre équipe.
- Si vous choisissez un vocabulaire qui inclut tout le monde (hommes et femmes), vous n’offenserez personne et nul ne se sentira exclu.
Vous pouvez aussi vous reportez à l’encadré intitulé « Liste de contrôle pour améliorer un document écrit » paru dans le deuxième article de cette série2 .
Enfin, vous devez également considérer qui va écrire la première mouture, qui va la corriger, où vous pourrez la tester sur le terrain et quel sera le coût de production. Vous devez décider si vous souhaitez impliquer une personne ayant des compétences en publication assistée par ordinateur, un maquettiste, un illustrateur, un traducteur et un imprimeur. Ces considérations sont à prendre en compte quel que soit le format que vous envisagez d’utiliser.
Références
1 « Communication ». Revue de Santé Oculaire Communautaire vol. 5 n°5 (janvier 2008): 20.
2 Ewles L. et Simnett I. Promoting Health : A Practical Guide. 4ème éd. London: Baillière Tindall, 1998.