RSOC Vol. 17 No. 24 2020 pp 25-27. Publié en ligne 14 décembre 2020.

La santé oculaire face à la pandémie de COVID-19

Victor Hu

Fatima Kyari

N Venkatesh Prajna

Astrid Leck

Simon Arunga

Esmael Habtamu

Elmien Wolvaardt

Heiko Philippin

Au plus fort de la pandémie, les couloirs ont été reconvertis en zones d’attente pour les patients nécessitant une prise en charge urgente. TANZANIE © Edith Macha
Related content

La pandémie de COVID-19 a engendré des défis majeurs et ses répercussions se font sentir dans le monde entier, y compris dans le secteur de la santé oculaire.

Le virus SARS-CoV-2 a infecté des millions de personnes et beaucoup d’entre elles sont tombées gravement malades, menaçant de submerger les systèmes de santé. Nombreux sont ceux qui ont perdu la vie, y compris parmi les personnels de santé.

Les pays ont adopté des stratégies variées pour réduire la transmission du virus, notamment :

  • Encourager l’hygiène des mains, exiger le port du masque dans les espaces publics et le respect de la distanciation sociale (par exemple le maintien d’une distance de 1 à 2 mètres entre les personnes dans les espaces publics).
  • Confiner les zones où il y a des foyers épidémiques, par exemple en limitant les déplacements vers des pays affectés ou les arrivées en provenance de ces pays.
  • Imposer des mesures de quarantaine ou le confinement de la population.

Le coût humain

Le virus lui-même, ainsi que les mesures prises pour lutter contre sa propagation, ont profondément affecté les individus et les communautés ; ils ont notamment entraîné un isolement social de longue durée pour beaucoup de personnes et ont fortement perturbé les commerces, les entreprises et l’économie en général. Ils ont mis en péril les moyen de subsistance de beaucoup d’individus et ont fait basculer certains dans la pauvreté.

Partout dans le monde, la pandémie a mis en évidence et aggravé les inégalités liées au genre, à l’appartenance ethnique, aux conditions de travail et à la situation socioéconomique. Par exemple, les personnes vivant dans des logements surpeuplés ou dans des établissements urbains non structurés présentent un risque plus élevé de contamination par le virus et de dissémination de ce dernier dans la communauté. Les personnes payées à la journée sont souvent forcées de continuer à travailler même si elles développent des symptômes de maladie, car elles risquent de sombrer dans la pauvreté. Les femmes, qui représentent 70 % des personnels de santé dans le monde1, sont susceptibles d’assurer une part disproportionnée des tâches domestiques, y compris la garde des enfants lorsque les écoles sont fermées.

Les personnels de santé, en première ligne des efforts de lutte contre la pandémie, doivent faire face à de nombreux problèmes professionnels et personnels. Il n’est pas étonnant que la santé mentale et le bien-être apparaissent maintenant comme des priorités urgentes, non seulement pour les personnels de santé mais également pour les patients et la communauté en général.

Les personnes handicapées doivent aussi surmonter de nouveaux défis, par exemple concernant les modalités pratiques de l’hygiène des mains ou la communication avec des personnels de santé portant un masque chirurgical qui empêche la lecture labiale. Il est donc crucial d’inclure les personnes handicapées lorsque l’on planifie les changements à apporter aux services de santé oculaire durant la pandémie et lorsque l’on informe la communauté de ces changements.

Adapter les services de soins oculaires

Le virus a touché presque tous les pays et l’on observe des variations importantes dans les mesures adoptées à l’échelle nationale et dans leur durée d’application. Les prestataires de soins oculaires, tout comme d’autres secteurs, ont dû repenser la façon dont ils offrent leurs services en réponse à une situation incertaine qui ne cesse d’évoluer ; ils ont dû notamment réduire leurs services et décider quels patients voir en consultation, et à quel moment. Ce numéro de la Revue de Santé Oculaire Communautaire offre des recommandations pour réorganiser les services de soins oculaires et décider des patients à voir en priorité.

Les outils indispensables pour protéger les personnels de santé et les patients contre la COVID-19 incluent, entre autres : le nettoyage et la désinfection, l’utilisation correcte des équipements de protection individuelle (EPI) et l’hygiène des mains à base de savon et eau ou de désinfectant. À certains moments, toutefois, les chaînes d’approvisionnement mondiales n’ont pu faire face à la demande et beaucoup de pays dans le monde ont connu des pénuries d’EPI. Vous trouverez dans ce numéro un ensemble de conseils pratiques pour tirer le meilleur parti des EPI, pour nettoyer et désinfecter l’environnement hospitalier et pour fabriquer vous-même du désinfectant pour les mains. Nous devons prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger contre la COVID-19 tous les membres de l’équipe de santé oculaire, y compris les personnels non cliniques et les personnels non médicaux comme les agents de sécurité, les brancardiers et les agents d’entretien, dont le travail est essentiel à la sécurité des soins oculaires mais souvent invisible.

Affiche d’information sur les gestes barrières contre le SARS-CoV-2. BURKINA FASO © CBM Burkino Faso

Le SARS-CoV-2 est un nouveau virus sur lequel nos connaissances ne cessent de s’approfondir. Les recommandations évoluent donc constamment en fonction des derniers résultats de la recherche. Nous vous encourageons à suivre les recommandations nationales du pays dans lequel vous travaillez et à vous rendre sur les sites Internet mentionnés dans l’encadré ci-contre pour vous tenir au courant des derniers développements.

En cette période difficile, nous devons évaluer avec soin les informations dont nous disposons et porter un jugement mesuré et rationnel. Il nous incombe de fournir à nos patients les meilleurs soins possibles, quelle que soit la situation. Nous devons également continuer à intégrer nos services dans un système de soins de santé universels ; ceci s’impose plus que jamais.

À bien des points de vue, la pandémie de COVID-19 a poussé le monde entier dans ses derniers retranchements. Mais les défis auxquels nous devons faire face sont aussi l’occasion de repenser et réévaluer nos pratiques et d’accélérer l’innovation, notamment l’utilisation des outils de vidéoconférence pour le triage et pour l’enseignement. La conférence en ligne « Ophtalmologie et COVID-19 dans les services de soins africains » a servi d’inspiration pour ce numéro ; elle était organisée par l’ICEH (International Centre for Eye Health) et plus de 270 professionnels de l’ophtalmologie, travaillant en majorité dans des pays sub-sahariens, y ont participé. Ce type d’événement en ligne n’est qu’un exemple parmi d’autres qui montrent que nous pouvons rester connectés et chercher ensemble des solutions partout dans le monde. Nous espérons que ce numéro vous fournira des informations et des outils qui vous aideront à protéger vos patients et votre personnel durant cette période et à offrir des soins aux communautés qui ont besoin de soins oculaires accessibles et de qualité.

Recommandations et sites utiles

Les recommandations sont constamment actualisées, au fur et à mesure de l’évolution de la situation et des connaissances. Afin de rester à jour, nous vous encourageons à vous rendre sur ces sites, ainsi que sur ceux mentionnés dans les articles de ce numéro.

Référence

1 Boniol M, McIsaac M, Xu L, Wuliji T, Diallo K, Campbell J. Gender equity in the health workforce: Analysis of 104 countries. World Health Organization 2019. bit.ly/WHOgender