Intégration du dépistage de la malvoyance aux activités des distributeurs communautaires d’ivermectine
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Introduction
En complément de l’article d’Adrian Hopkins à la page 15, cet article a pour but d’apporter, sous forme de tableaux récapitulatifs, des suggestions pour la mise en pratique de l’intégration d’activités de soins oculaires primaires (SOP) aux tâches existantes des distributeurs communautaires.
Nous nous baserons sur notre expérience en tant que coordinateur du Programme de soins oculaires de la Province du Sud-Ouest, au Cameroun, entre 2001 et 2006.
Analyse de situation : une étape préliminaire indispensable
Lorsque l’on met en œuvre pour la première fois un programme de SOP, il est crucial d’effectuer au préalable une analyse de tous les partenaires impliqués et des prestations de soins existantes, à tous les niveaux du système de santé local. Nous avons détaillé cette étape indispensable dans un numéro précédent de cette Revue 1. Une fois cette analyse faite, il faut envisager les articulations entre les activités de SOP à mettre en place et les activités existantes, là encore à tous les niveaux.
Matrice d’intégration pour la mise en pratique
Dans la région du Sud-Ouest, nous avons intégré les SOP aux activités de traitement par l’ivermectine sous directives communautaires (TIDC) : les distributeurs communautaires (DC) ont été formés à une mesure simplifiée de l’acuité visuelle (AV) et nous leur avons également demandé de noter les cas de cataracte après avoir interrogé chaque personne en utilisant le mot employé dans la langue locale pour décrire la cataracte (onyiang, par exemple).
Nous avons développé toute une série d’outils de planification et de formation pour intégrer ces deux types d’activités, dont une matrice d’intégration détaillant une par une les activités de TIDC existantes et le « supplément » qu’il nous faudrait mettre en œuvre à chaque niveau du système de santé pour développer les SOP. Cette matrice, disponible sous format Excel, peut être envoyée à tous les lecteurs intéressés2.
Les tableaux présentés après, à titre de modèle, sont extraits de cette matrice d’intégration et détaillent de façon systématique l’articulation entre les communautés, les distributeurs communautaires et les infirmiers superviseurs.
Formation supplémentaire en SOP pour les DC et les infirmiers non spécialisés
Ces deux groupes de personnels, DC et infirmiers non spécialisés, ont bénéficié chacun d’une formation ciblée sur les tâches à accomplir (voir Tableau 1).
Tableau 1. Tâches à accomplir à l’issue de la formation supplémentaire en soins oculaires primaires (SOP)
Distributeurs communautaires (un jour de formation) | Infirmiers non spécialisés (deux jours de formation) |
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Tableau 2. Messages-clefs communiqués par le distributeur communautaire (DC) au niveau de sa communauté
TIDC | SOP |
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Des messages supplémentaires à communiquer à la communauté
Les DC communiquent les informations essentielles sur le TIDC aux membres de la communauté dont ils ont la charge. Nous avons mis à profit leur relation de confiance avec la communauté pour apporter à cette dernière des informations concernant les SOP. Ces messages-clefs supplémentaires ont été enseignés aux DC durant leur formation complémentaire en SOP (voir Tableau 2).
Intégration du dépistage de la malvoyance aux activités de TIDC
Nous avons défini les tâches qu’il fallait rajouter aux activités du DC (voir Tableau 3) et à celles de l’infirmier non spécialisé ou infirmier superviseur (voir Tableau 4) afin d’intégrer le dépistage de la malvoyance et le TIDC.
Quelques éléments essentiels à la pérennité du système mis en place
Les facteurs suivants sont très importants pour que l’intégration de ces nouvelles activités aux tâches des distributeurs communautaires réussisse à long terme. Ils sont également essentiels pour réussir la mise en œuvre des SOP en général.
- Le leadership est important dans la mise en œuvre des SOP. Il est important d’avoir en place un ou plusieurs leaders qui sont acquis à la cause des SOP et qui mettent tout en œuvre pour intégrer les SOP dans les soins de santé primaire.
- La formation/recyclage des personnels impliqués dans les SOP doit se faire de façon continue, étant donné la grande instabilité des personnels de santé et des agents communautaires.
- Tous les aspects qui contribuent à la motivation des agents communautaires et des personnels de santé non spécialisés doivent être doit être pris en compte. La formation/recyclage, la supervision formative, la contre-référence et d’autres moyens de reconnaissance devraient faire partie du système en permanence.
- La disponibilité des médicaments ophtalmiques essentiels est un facteur important de durabilité des SOP.
Conclusion
Notre expérience, et celle de beaucoup d’autres, a montré qu’il est tout à fait possible de former du personnel de santé non spécialisé et des membres de la communauté en santé oculaire. Ceci nécessite peu d’apport supplémentaire et permet d’atteindre plus de personnes en un temps plus limité.
Tableau 3. Tâches du distributeur communautaire
Activité | TIDC | SOP |
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Sensibilisation | Communiquer les messages-clefs (voir Tableau 2) | Communiquer les messages-clefs (voir Tableau 2) |
Distribution |
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Rapport | Avec l’infirmier superviseur :
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Avec l’infirmier superviseur :
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Tableau 4. Tâches de l’infirmier superviseur
Activité | TIDC | SOP |
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Formation | Formation des DC aux tâches de TIDC | Formation des DC aux tâches de SOP |
Plaidoyer | Visite aux leaders de la communauté et sensibilisation au TIDC et aux SOP | Visite aux leaders de la communauté et sensibilisation au TIDC et aux SOP |
Supervision des DC |
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Rapport |
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Références
1. Oye J. Le programme de soins oculaires de la province du Sud-Ouest au Cameroun. Revue de Santé Oculaire Communautaire 2006;3(2):30-31.
2. Pour obtenir une copie de cette matrice d’intégration complète sous forme de document Excel, merci de bien vouloir écrire à l’auteur à l’adresse suivante : [email protected]