RSOC Vol. 16 No. 21 2019 pp 20-21. Publié en ligne 01 août 2019.

Comment identifier vos besoins en formation continue

Milka Mafwiri

Maître de conférences et ophtalmologiste chef de clinique ; anciennement vice-doyenne des études de médecine du premier cycle, Muhimbili University of Health and Allied Sciences, Dar es Salaam, Tanzanie.


Nick Astbury

Ophtalmologiste et maître de conférences, International Centre for Eye Health, London School of Hygiene and Tropical Medicine, Londres, Royaume-Uni.


Que savez-vous sur la basse vision et les aides à la basse vision ? TANZANIE © Karin van Dijk
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Maîtrisez-vous parfaitement toutes les situations ? Nous devons reconnaître honnêtement nos lacunes en matière de connaissances ou savoir-faire, rester motivés et trouver des solutions aux difficultés que nous rencontrons.

Identification des besoins

Les professionnels de la santé sont habituellement très pris par leur pratique clinique et peuvent ne pas avoir réfléchi à leurs besoins en FMC (formation médicale continue) et FPC (formation professionnelle continue). Toutefois, une FPC efficace requiert une préparation préliminaire. Tout clinicien peut parfois éprouver un sentiment de malaise ou un manque de confiance face à une situation difficile. La cause sous-jacente peut être un manque de connaissances ou de savoir-faire, qui, s’il était comblé, améliorerait le résultat thérapeutique et la satisfaction professionnelle du clinicien.

L’identification des besoins en formation continue exige d’être honnête avec soi-même et de comprendre que chacun, membre confirmé ou non de l’équipe, a le potentiel et l’obligation de maintenir des normes de pratique clinique et de soins aux patients.

Différents types d’activités de FPC peuvent être sélectionnés en fonction des besoins identifiés. Le Tableau 1 est un exemple de la façon dont un clinicien peut identifier l’activité de FPC qui lui sera bénéfique.

Tableau 1 Formation professionnelle continue : identification des activités pertinentes

Lacune dans les connaissances Mise à jour des savoir-faire Acquisition de compétence Démonstration de maîtrise
Échec du traitement d’une affection spécifique. Besoin de se renseigner sur l’évolution éventuelle du traitement de cette affection et sur les facteurs associés à une récidive (par ex. carcinome épidermoïde de la conjonctive). Manque de savoir-faire dans l’utilisation de certains appareils. Besoin de comprendre ou de revoir certaines techniques (par ex.ophtalmoscopie indirecte, tonométrie par aplanation, etc.). Manque de confiance dans le traitement de certaines affections. Pratique nécessaire. Apprendre à enseigner aux autres le sujet en question.
Incapacité à poser le diagnostic d’une affection en se basant sur les symptômes et les signes. Besoin de déterminer le diagnostic différentiel après avoir recueilli des informations Défaillance dans l’exécution d’un geste chirurgical, par exemple dans le traitement de la cataracte (petite incision ou phacoémulsification). Manque de confiance dans le traitement de certaines affections. Pratique nécessaire. Partager et diffuser avec des homologues par le biais de publications.
Manque d’informations récentes sur certaines affections courantes dans votre région. Besoin de directives cliniques (par ex. classification et traitement de la rétinopathie diabétique ou du rétinoblastome). Incapacité à effectuer ou interpréter une procédure après l’acquisition d’un nouvel appareil diagnostique (par ex. tomographe à cohérence optique, échographe, analyseur de champ visuel, etc.). Manque de confiance dans la réalisation de certaines étapes d’une intervention chirurgicale. Pratique nécessaire. S’habituer à partager ce que vous faites avec les autres. Écouter, apprendre et partager vos connaissances avec les autres pour améliorer votre maîtrise.
Connaissances insuffisantes sur une affection courante dans votre région, mais qui n’a pas été enseignée durant votre formation de base (par ex. basse vision et aides pour la basse vision). Apprentissage de nouveaux savoir-faire chirurgicaux après l’acquisition d’un nouvel appareil (par ex. apprendre à effectuer une phacoémulsification avec un nouvel appareil). Manque de confiance dans la réalisation de certaines étapes d’une intervention chirurgicale. Pratique nécessaire. S’habituer à partager ce que vous faites avec les autres. Écouter, apprendre et partager vos connaissances avec les autres pour améliorer votre maîtrise.
Vous sentez-vous suffisamment compétent dans la prise en charge de la rétinopathie diabétique? AFRIQUE DU SUD © Elmien Wolvaardt

Motivation

Il est nécessaire d’être motivé pour participer à une FMC ou une FPC. Les facteurs de motivation se répartissent globalement en deux catégories : la carotte et le bâton. Il est préférable d’être motivé par des facteurs positifs (carotte) qui apportent épanouissement, meilleure estime de soi et amélioration des résultats thérapeutiques, plutôt que de voir la FPC comme une corvée inutile qui doit être faite pour éviter une sanction (bâton).

Quelques facteurs de motivation :

  • Le désir d’offrir des soins de grande qualité et le meilleur résultat possible aux patients.
  • La reconnaissance par les patients et les collègues de l’excellence de son travail.
  • Le désir d’éviter les « incidents critiques » ou les « quasiaccidents » qui sont mauvais pour les patients et minent la confiance.
  • Le besoin de répondre aux exigences d’une inscription ou du maintien d’un droit d’exercice professionnel.

Difficultés

Les cliniciens très pris rencontrent des difficultés à suivre des FMC ou FPC. Toutefois, se maintenir à jour est tellement important qu’il faut tout mettre en oeuvre pour surmonter les difficultés et trouver des solutions (voir Tableau 2).

Tableau 2 Trouver des solutions aux difficultés

Prenez le temps de lire la Revue de Santé Oculaire Communautaire. MADAGASCAR © Henry Nkumbe
Difficultés Solutions possibles
Identification des besoins
  • Si les choses se passent mal : en conserver une trace pour y réfléchir plus tard et identifier les lacunes qui pourraient être comblées par la FPC.
  • Demander à des collègues comment rester à jour.
  • Durant les entretiens d’évaluation avec les supérieurs hiérarchiques, demander un avis sur le choix d’activités de FPC pertinentes.
Manque de temps (ce n’est jamais le bon moment) : la plupart des professionnels de santé sont très occupés du matin au soir dans leur établissement de soins, enparticulier dans les environnements à faibles revenus.
  • Garder à l’esprit que se maintenir à jour est aussi important que l’interaction avec les patients en consultation ou au bloc opératoire.
  • Repenser la gestion du temps ou suivre un cours sur la gestion du temps.
  • Consacrer des créneaux horaires spécifiques à la lecture de publications.
  • Tenir un journal de FPC et s’y référer !
En raison de leur emploi du temps chargé, le personnel n’obtient parfois pas l’autorisation de participer à des activités externes de FPC ou FMC (par ex. participation à des conférences), car il doit travailler.
  • S’organiser. Prévoir à l’avance.
  • Demander à l’avance un congé d’étude ou un financement.
  • Utiliser un agenda pour gérer vos engagements.
Ne pas savoir où suivre des activités de FMC ou FPC, en particulier dans les environnements à faibles revenus.
  • Discuter avec des collègues pour savoir comment ils font.
  • Chercher des formations en ligne. Nombre d’entre elles peuvent être téléchargées et suivies en différé
Pas de remboursement des frais de déplacement pour suivre des événements externes de FMC et FPC ou pas de prestation de FPC dans un point centralisé du pays où de nombreux cliniciens peuvent se rendre.
  • Identifier les réunions, les formations, événements et opportunités les plus utiles en termes de FPC et faire le maximum pour convaincre son supérieur.
  • Utiliser les sites web de FPC (par ex. COECSA).